L'accélération de la virtualisation ICT comme vecteur de transformation de l'entreprise
Publié le 04/03/2024 dans Paroles d'experts
Quelles évolutions technologiques fondamentales vont contribuer à façonner l’avenir des entreprises en Belgique ? Benoît Simon, Enterprise Market Strategy Lead chez Proximus NXT, nous en dit plus.
En théorie, les choses sont simples et je ne vous apprends rien : le succès d’une entreprise dépend de sa capacité à s’adapter aux risques internes et externes. Ils peuvent être de nature géopolitique et perturber les chaînes logistiques, mais il peut aussi s’agir de questions macroéconomiques telles que la crise climatique et énergétique, de problèmes organisationnels comme des restrictions de capitaux... En matière d’ICT, les risques sont essentiellement liés à l’émergence rapide de technologies disruptives et à l’accès aux compétences nécessaires à leur mise en œuvre et leur exploitation.
Une entreprise qui aborde systématiquement tous ces défis sera plus résiliente et se distinguera par son excellence opérationnelle. L’ICT peut jouer un rôle déterminant pour ces deux objectifs, et l’innovation est essentielle à cet égard. Au sein d’une entreprise, l’innovation peut améliorer la productivité, apporter davantage d’automatisation (et donc réduire le risque d’erreur), permettre l’intégration de bout en bout de processus et faciliter la transition vers de nouveaux systèmes.
Nous savons tous que les cycles d’innovation sont de plus en plus courts. En moins d’un an, ChatGPT a attiré 100 millions d’utilisateurs. En comparaison, cela a pris 75 ans au téléphone, plus de 15 ans aux téléphones mobiles et 5 petites années à Facebook. On constate également cette accélération si on limite la comparaison aux innovations récentes. ChatGPT comptait déjà 5 millions d’utilisateurs au bout de 5 jours. Cela a pris plus de 3 ans à Netflix.
L’IT comme service virtuel
La virtualisation a indubitablement contribué à cette accélération. C’est un concept que nous avons vu conquérir par vagues le monde de l’ICT au cours des dernières décennies. L’émergence des hyperviseurs a permis de virtualiser les serveurs : des dizaines, voire des centaines de serveurs virtuels ont ainsi pu fonctionner sur une seule machine physique. Cette évolution s’est ensuite poursuivie avec l’essor des conteneurs. La même chose s’est produite pour le stockage, les composants réseau, etc.
L’experte Gwénaëlle Hervé explique les différents types de cloud, du cloud privé au cloud souverain.
Dans un second temps, toute cette virtualisation ne se fit plus dans les centres de données propres aux opérateurs, mais auprès de partenaires externes : c’est l’avènement du cloud public. Le fait que nous disposions aujourd’hui d’une puissance de calcul et d’une capacité de stockage quasi illimitées s’appuie sur la virtualisation de l’infrastructure que nous utilisons pour cela dans le cloud et incite désormais les entreprises à utiliser et à consommer l’ICT comme un service.
Aujourd’hui, on peut sans problème ouvrir une application d’IA propre aux données de son entreprise.
Benoît Simon, Enterprise Market Strategy Lead chez Proximus NXT
2023 fut l’année de l’essor de l’IA. L’expert Dirk Luyckx aborde les nombreuses possibilités offertes par l’intelligence artificielle.
C’est grâce à cette virtualisation poussée et aux possibilités du cloud que le monde réel et virtuel peuvent converger. Je crois que beaucoup d’entreprises pourraient bénéficier des avantages des jumeaux numériques ou digital twins. Certains secteurs industriels, comme le transport aérien ou la construction avec le BIM (Building Information Modeling), l’utilisent déjà largement. Un jumeau numérique permet par exemple d’effectuer facilement des simulations sans avoir besoin de modèles ou prototypes physiques. Ceci permet d’importantes économies de coûts et de temps, non seulement dans la phase conceptuelle du produit, mais aussi ultérieurement, de la réalisation à la maintenance.
Cyberrésilience
La migration vers le cloud implique de nouveaux défis en matière de souveraineté des données, mais aussi de fiabilité des accès et contrôles. Les entreprises ont aujourd’hui une empreinte numérique plus importante, et donc une surface d’attaque plus étendue. Si les hackers utilisent entre autres l’IA pour détecter les failles de cette empreinte, les fournisseurs de solutions de sécurité savent réagir à ce phénomène en employant l’IA eux aussi.
L’expert en cybersécurité Raf Peeters aborde la complexité croissante des cyberincidents.
Ainsi, il n’est désormais plus question de cybersécurité, mais de cyberrésilience. L’idée fondamentale est claire : il s’agit d’être prêt à reprendre ses activités au plus vite en cas d’incident et de limiter les dégâts occasionnés au minimum absolu. Une approche tout à fait logique puisque l’on prévoit que 50 % des entreprises belges seront confrontées cette année à au moins un cyberincident.
La confidentialité des données dans un monde post-quantique
Selon mes prévisions, d’ici 7 à 10 ans, les cybercriminels parviendront à cracker les cryptages classiques grâce aux ordinateurs quantiques. Diverses parties – les hackers, mais aussi les services de sécurité – sauvegardent actuellement des données cryptées dans la perspective d’utiliser ultérieurement la technologie quantique sur ces données afin de récupérer les informations chiffrées. Dans un avenir proche, je suis persuadé que la technologie quantique devrait, grâce à l’accélération de l’évolution de l’IT, devenir accessible au grand public.
La distribution quantique de clés va contribuer à renforcer la sécurité de nos données. Ceci sera une nécessité dans un monde où l’IA sera omniprésente.
Benoît Simon, Enterprise Market Strategy Lead chez Proximus NXT
Dans le court terme, certaines technologies permettront déjà d’améliorer la sécurité des transactions. Par exemple, l’exploitation des technologies quantiques dans la transmission des données sur la fibre, telle que la quantum key encryption, qui devrait permettre d’offrir un degré supplémentaire de protection lors de l’échange des clés d’encryption. D’autres technologies telles que la blockchain permettent également de garantir l’authenticité des transactions entre parties distantes.
L’expert Jan Sonck explique la différence entre technologie quantique et communication quantique.
ICT et émissions de CO2
L’utilisation de nouvelles technologies va de pair avec la nécessité d’une puissance de calcul suffisante, qui nécessite à son tour toujours plus d’énergie, même en dépit d’une virtualisation poussée. Ceci implique assurément un défi de taille pour le monde de l’ICT.
Selon une étude d’Agoria ICT, le secteur informatique dans notre pays est responsable de 2 % des émissions de CO2. Parallèlement, les services ICT ont le potentiel de diminuer les émissions, que ce soit en facilitant les communications à distance, en limitant les opérations physiques grâce aux digital twins, ou encore en optimisant l’utilisation des ressources grâce à l’exploitation des données. L’IT demeure une partie du problème, mais son potentiel en tant qu’élément de la solution a bien plus d’importance encore.
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